- monstrer
- MONSTRER. v. a. (l'S ne se prononce point.) Faire voir, indiquer. Monstrez-moy l'homme dont vous parlez. je lui ay monstré mon cabinet, mes tableaux, mes chevaux. monstrer quelque chose par rareté. monstrer quelque chose du doigt. monstrer le chemin à quelqu'un. je luy ay monstré ce qu'il cherchoit. monstrer un visage triste. monstrer un visage gay.On dit, qu'Un homme n'oseroit se monstrer, pour dire, que La crainte qu'il a d'estre maltraité, ou la honte de quelque affront l'oblige à se tenir caché. Depuis la sottise qu'il a faite, depuis le malheur qui luy est arrivé il n'oseroit se monstrer. il est bien hardi de se monstrer aprés cela.On dit fig. Monstrer le chemin aux autres, pour dire, Faire quelque chose que les autres font ensuite.On dit fig. Monstrer à quelqu'un son bec jaune, pour dire, Luy faire voir qu'il n'est qu'un ignorant dans les choses dont il s'agit. Il faisoit l'habile homme, mais je luy ay bien monstré son bec jaune.On dit fig. Monstrer son nez quelque part, pour dire, Se faire voir en quelque endroit; Et cela se dit, ou lors qu'on n'y paroist qu'un moment, ou lors qu'on n'y va qu'a regret, ou que l'on a tort d'y aller. Je m'en vais monstrer là mon nez un moment, & je reviens à vous. je voudrois bien n'y aller pas, mais je suis obligé d'y monstrer mon nez. qu'avoit- il affaire d'aller là monstrer son nez?On dit aussi fig. Monstrer les dents à quelqu'un, pour dire, Luy faire voir qu'on ne le craint point, & qu'on est en estat de se bien défendre. Ils le vouloient maltraiter, mais il leur a monstré les dents, & les choses en sont demeurées là.On dit aussi fig. Monstrer le cul, & cela se dit d'un homme qui s'estant engagé à quelque chose, n'en sort pas à son honneur, soit par impuissance, soit par manque de courage, soit par incapacité. Il avoit traité d'une grande Charge, mais quand se vint au payement il monstra le cul. il faisoit le brave, mais quand se vint au degaisner il monstra le cul. il promettoit de faire merveilles, mais quand se vint au fait & au prendre il monstra le cul.On dit aussi fig. Monstrer les talons, pour dire, S'enfuit, se retirer de quelque lieu. Aussi-tost que nos troupes parurent les ennemis monstrerent les talons. hors d'icy, monstrez nous les talons.Lors que les petits enfants sont faschez contre quelqu'un, & qu'on veut qu'ils le menacent, on leur dit pour les appaiser, Monstrez luy son maistre.On dit, qu'Un habit monstre la corde, pour dire, qu'Il est si usé qu'on en voit les fils.Monstrer, Signifie aussi, Donner des marques de quelque chose. Monstrer du courage, de la foiblesse, de la crainte, de la sagesse, de la retenuë &c. monstrer son courage, sa pieté &c.On dit, Se monstrer homme de courage. se monstrer humain, liberal, bon ami &c. pour dire, Faire voir par les effets qu'on est tel.On dit d'Un homme, qu'Il se fait monstrer au doigt, pour dire, Que c'est un ridicule, dont tout le monde se mocque.Il signifie encore, Faire connoistre par espreuve, prouver par raison. Je luy monstreray bien qu'il a tort, qu'il n'a pas deu en user ainsi. je luy monstreray à qui il a affaire. je luy ay monstré que sa proposition est fausse. je vous ay monstré par bonnes raisons que nous devons faire telle chose.Monstrer, signifie aussi, Enseigner. Monstrer la Grammaire. monstrer une Langue. monstrer le Latin, le Grec, l'Italien, la Philosophie, les Mathematiques &c. monstrer à lire, à escrire, à danser, à monter à cheval, à voltiger. il apprend à danser, c'est un tel qui luy monstre. ce Maistre monstre fort bien. il monstre à vingt écoliers. monstrer à quelqu'un ce qu'il faut qu'il fasse. luy monstrer son devoir, ses obligations.Il se dit aussi absolument. Ce maistre monstre fort bien. il monstre à vingt Ecoliers.
Dictionnaire de l'Académie française . 1964.